En recrutement, le « no show » c’est l’absence du candidat à son entrevue d’embauche. Le jour du rendez-vous, le candidat sélectionné ne se présente pas, sans donner de raison. Et c’est la panique.
Pourtant, le processus d’embauche semblait aller rondement. Après de longues recherches, le chasseur de têtes et le candidat avaient convenu d’une entrevue avec l’employeur deux jours plus tôt. Le candidat était ravi de rencontrer monsieur le directeur.
Alors pourquoi ? Les compétences étaient les bonnes. L’expérience aussi, les conditions financières étaient réunies, et puis hop le matin de l’entrevue, personne de l’autre côté de la table… Que s’est-il passé ? Que de frustrations ! Que de questions ! Que de temps perdu !
Se préparer pour une entrevue est long et exigeant. Cela est vrai d’un côté comme de l’autre, c’est-à-dire autant pour le candidat que pour le gestionnaire. Car le candidat aussi investit « normalement » beaucoup de son temps pour bien se préparer, y compris quelques heures de sommeil en moins.
Un phénomène de société ?
Ne pas se présenter en entrevue ou à un rendez-vous important n’est pas un phénomène limité au recrutement.
Dans certaines industries comme la restauration ou l’hôtellerie, les « réservations non honorées » sont actuellement un véritable fléau qui cause des pertes financières aux propriétaires d’établissements et bien des maux de têtes aux chefs dans leurs cuisines !
Selon un sondage maison réalisé l’an dernier auprès des membres de l’Association des restaurateurs du Québec, 47 % des propriétaires indiquent subir des no show à l’occasion, et 21 % en subissent fréquemment. Il n’y a aucune statistique comparable dans monde du recrutement, mais on en entend de plus en plus parler.
Les cabinets de médecin généralistes et spécialistes font aussi face au même phénomène. D’ailleurs, le nombre de fois où un patient peut refuser un premier rendez-vous à son médecin ou ne pas s’y présenter est désormais limité à deux, faute de quoi il sera retiré de la liste d’attente du Guichet d’accès à un médecin de famille.
Si les restaurateurs ne peuvent pas demander un dépôt qu’ils conserveraient en cas d’annulation de la réservation, cette idée est impensable en recrutement. Au final, voilà beaucoup de temps et d’efforts gaspillés.
Est-ce la faute des entrevues virtuelles ? De notre rythme de vie ? De la pénurie de main-d’œuvre ? Il y a probablement un peu de tout ça.
Les applications numériques qui servent à faire des réservations au restaurant sont conçues pour être conviviales, rapides et attrayantes. Est-il trop facile de postuler en ligne ou de rencontrer des candidats potentiels via des plateformes virtuelles ?
Quand les entrevues virtuelles étaient l’exception et que les rencontres en personne étaient la règle et le taux de chômage plus bas, l’engagement personnel d’un candidat potentiel devant un employeur était nettement plus élevé.
Quitter un emploi était aussi plus risqué, et en trouver un autre rapidement n’était pas aussi simple qu’aujourd’hui. L’accélération des échanges numériques a aussi diminué le nombre d’interactions sociales et accru la « distanciation ».
Les mauvaises langues diraient que ce n’est qu’un juste retour des choses puisque comme chercheur d’emploi, tout le monde est déjà resté sur la touche, sans nouvelles ni feedback d’un éventuel employeur.
Dans un processus d’embauche où employeur et recruteur sont partenaires, et étant donné la somme de travail nécessaire pour identifier un candidat, il faut au moins s’assurer d’accroître les chances de rencontrer les candidats en entrevue.
Voici 3 erreurs à éviter pour éviter le no show en recrutement.
# 1. Ne changez jamais la date d’une entrevue
L’anecdote qui suit provient d’une collègue qui a été très déçue quand un candidat ne s’est pas présenté à l’entrevue. Dans ce cas, cette collègue a « heureusement » été avertie quelques heures à l’avance.
Cette recruteuse a connu une grande frustration vu les importants efforts investis dans le processus d’embauche et les qualités du candidat retenu. Et je crois sincèrement que cette situation peut se reproduire à tout moment. Évidemment, l’employeur en a aussi payé le prix. Voici ce qui s’est passé.
Après une sélection rigoureuse, la recruteuse avait fixé l’entrevue d’embauche 48 heures plus tard en obtenant la collaboration pleine et entière de l’employeur. On parle d’un poste de cadre dans un secteur dynamique où, vous l’aurez deviné, il y a pénurie de main d’œuvre et beaucoup de va-et-vient professionnel.
Concernant ce candidat idéal, il semblait très motivé. Toutes les parties prenantes trouvaient que l’adéquationentre le poste, la rémunération et l’expérience professionnelle du candidat étaient parfaite. Le candidat démontrait aussi une excellente motivation pour un changement d’emploi. Il se disait très bien préparé pour son entrevue et vu sa feuille de route, il présentait les meilleures chances de succès lors d’une entrevue d’embauche.
Alors que s’est-il passé ?
Malheureusement pour tout le monde, un gestionnaire mal inspiré et qui n’avait pas été impliqué dans le processus d’embauche jusqu’alors a voulu assister à l’entrevue d’embauche. Comme il ne pouvait y assister à la date et à l’heure convenues, il l’a fait déplacer deux semaines plus tard !
Informé que la date de son rendez-vous avait été déplacée, le candidat a décidé quelques heures plus tard de ne pas se présenter à l’entrevue d’embauche.
Premièrement, il n’a pas aimé que l’employeur change la date. Comme on dit, il l’a pris personnel. Pour lui, c’était comme un signal que l’employeur pouvait changer d’idée pour d’autres choses à un autre moment, une fois qu’il serait à son emploi. Autrement dit, cela démontrait une certaine versatilité qui n’augurait rien de bon pour la suite.
Il y a aussi le fait que ce candidat avait réservé du temps pour ce rendez-vous et pris un congé à ses frais.
# 2. Réduisez l’intervalle de temps entre sélection et entrevue
De la même façon que changer la date et l’heure d’une entrevue planifiée peut créer de l’incertitude dans l’esprit d’un candidat, un trop long intervalle de temps entre l’invitation à une entrevue et l’entrevue d’embauche elle-même est une autre erreur à éviter.
Si vous changez la date d’une entrevue, essayez de la rapprocher et non pas de la repousser. Si vous planifiez une entrevue d’embauche, fixez la date à quelques jours d’intervalle maximum. Du point de vue du candidat, il est plus rassurant de savoir qu’on veut vous rencontrer et vous connaître rapidement.
Il est inévitable que le candidat se pose des questions si la date est lointaine. ¨ça donne beaucoup de temps pour réfléchir. Pourrait-on mettre mes compétences en doute ? Y aurait-il d’autres candidats qui seront rencontrés entretemps parce qu’ils sont plus intéressants ? Est-ce que je perds mon temps ? Toutes sortes de questions pourraient lui venir à l’esprit.
Le mieux est d’éviter de semer le doute dans l’esprit d’un candidat d’exception.
Selon certaines études, il existerait un lien entre le fait de planifier une entrevue d’embauche au-delà d’une fenêtre de 72 heures et une augmentation des « no show ». Bien souvent, dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, si l’entrevue d’embauche survient trop loin dans le temps, le candidat aura eu le temps de faire d’autres démarches ailleurs — peut-être même les avait-il déjà entreprises.
# 3. Faites des rappels si vous faites un recrutement maison
L’absence du candidat à l’entrevue d’embauche n’est pas toujours une question de malveillance. Il peut simplement s’agir d’un oubli, d’un imprévu ou de tout autre contretemps.
Les recruteurs connaissent l’importance de bien encadrer les candidats potentiels. Si vous êtes un employeur qui voyez à pourvoir un poste vous-mêmes, vous devez vous assurer de faire des rappels auprès du candidat.
Le rythme de vie parfois trépidant qui est le nôtre et le nombre grandissant de communications numériques sur mobile (textos, courriels, alertes, appels, navigation internet, médias sociaux, etc.) font que le citoyen numérique d’aujourd’hui semble plus distrait qu’avant.
L’article The lost art of concentration: being distracted in a digital world, paru dans le journal Guardian, fait une intéressante revue du phénomène de l’attention fragmentée qui semble prendre de l’ampleur.
L’article souligne le fait que les chercheurs ont constaté depuis plusieurs années que les interruptions et les distractions numériques persistantes avaient un effet réel sur les facultés intellectuelles des utilisateurs. Ainsi, les personnes constamment sollicitées et distraites par les courriels et les appels téléphoniques auraient vu leur QI chuter de 10 points, soit le double de celui constaté dans les études sur l’impact de la consommation de marijuana.
Plus de la moitié des 1100 participants de l’étude ont déclaré qu’ils répondaient toujours à un courriel immédiatement ou dès que possible, tandis que 21 % ont admis qu’ils interrompraient une réunion pour le faire. Des interruptions constantes du flux de l’attention peuvent avoir le même effet que la perte d’une nuit de sommeil.
Ce phénomène porte un nom : l’attention partielle en continu ou Continuous Partial attention (CPA), une expression inventée par Linda Stone, une ex-consultante… des sociétés informatiques Apple et Microsoft.
En adoptant un comportement numérique toujours réactif (répondre à ses messages n’importe où n’importe quand), nous entrerions peu à peu dans un état de vigilance permanent qui nous incite à scruter sans cesse le monde entier, mais sans accorder toute notre attention à quoi que ce soit, ici et maintenant.
À court terme, nous nous adapterions bien, mais à long terme les hormones du stress, l’adrénaline et le cortisol créeraient un état d’hypervigilance physiologique nous faisant rechercher toujours plus de stimuli. Ce sentiment de dépendance numérique serait temporairement apaisé par le fait de consulter son cellulaire « juste pour voir si on a manqué quelque chose ».
Il est certain que la standardisation des comportements sociaux liés à l’usage du téléphone intelligent a modifié notre rapport aux autres. Or le « travail », outre la facette « compétences », est essentiellement composé de rapports sociaux. De façon générale, la distraction est devenue plus présente dans nos vies et demeure malheureusement la cause la plus souvent mentionnée par les policiers dans leurs rapports d’accidents.
Les conséquences d’un no show
La première conséquence d’un no show est une perte de confiance. Mais il ne faut pas non plus en faire tout un plat. Manquer une entrevue ne fait pas automatiquement de quelqu’un un mauvais travailleur.
De façon générale, il est important de bien encadrer un candidat jusqu’à l’entrevue et de ne rien tenir pour acquis. Il faut se rendre à l’évidence qu’un candidat de valeur peut commettre une erreur aussi bête que de manquer un rendez-vous par distraction.
Il y a plusieurs précautions à prendre pour éviter qu’un candidat ne se présente pas à une entrevue d’embauche. Établir une bonne communication avec lui, bien comprendre ses motivations et être flexible sur le moment de l’entrevue sont des points très importants.
Faut-il offrir une deuxième chance à un candidat qui a manqué un rendez-vous parce qu’il a oublié ? C’est à vous d’y répondre.
Si jamais l’idée vous prenait de rencontrer de nouveau un candidat qui a manqué son entrevue par distraction sans vous en avertir, faites-en un test concret pour savoir comment vous interagissez dans une situation imprévue.
Une chose est sûre et nous en avons déjà discuté dans notre blogue 5 conseils pour embaucher le meilleur candidat. Dans le monde du travail actuel, marqué par la pénurie de main-d’œuvre, il faut accepter le fait qu’un candidat qui passe une entrevue choisit aussi l’entreprise où il veut travailler. Il faut souvent dérouler le tapis rouge.
Alors on résume ?
Le chasseur de têtes ou le recruteur qui a sélectionné un candidat pour une entrevue l’a fait au terme d’un long processus de sélection : recherche de CV et de profils pertinents, prises de contact avec les meilleurs candidats, entrevues et discussions avec les candidats les plus motivés et finalement, sélection des meilleurs candidats.
C’est une somme considérable de travail et un gros investissement en termes de temps et d’énergie.
Ne le mettez pas à risque inutilement et suivez ces trois conseils :
· Éviter de changer la date d’une entrevue.
· Réduisez l’intervalle de temps entre la sélection et le rendez-vous.
· Faites des rappels si vous faites un recrutement maison.
Mettez toutes les chances de votre côté.
Un chasseur de têtes expérimenté pourra vous guider dans la préparation d’une entrevue d’embauche réussie. N’hésitez pas à nous contacter.